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Comme à chaque rentrée universitaire, l’Union nationale des étudiants de France (Unef), syndicat étudiant, a présenté les chiffres du coût de la vie étudiante : si la hausse est moins forte cette année (+ 2,25 %) qu’en 2023 (+ 6,47 %), elle s’élève tout de même à 27,76 % depuis 2017, sans que la revalorisation des bourses étudiantes ne vienne la compenser. La conséquence en sera très certainement une aggravation de la précarité étudiante, déjà élevée en France.
Pour la réduire, il est nécessaire de réformer le système d’aides aux étudiants tel qu’il existe en France. Celui-ci s’inscrit dans la logique « familialisée » d’accès à la citoyenneté sociale pour les jeunes, puisque ceux-ci sont d’abord vus comme des enfants, ce qui implique une série de conséquences institutionnelles, et notamment des limites d’âge élevées pour accéder aux prestations sociales (comme celle pour accéder au RSA en France fixée à 25 ans), la mobilisation de la politique familiale pour financer la poursuite d’études supérieures (par exemple avec des aides fiscales aux parents) et des bourses étudiantes qui dépendent du revenu des parents.
La logique de ces bourses n’est pas de garantir la poursuite d’études en toute indépendance financière, mais de compenser l’aide financière parentale insuffisante donnée aux étudiants de milieux populaires. Elle reflète donc à la fois une logique « familialiste » (ce sont d’abord aux parents d’aider leurs enfants poursuivant des études) et redistributive (il faut donner plus à ceux qui ont moins).
A l’opposé, on trouve des pays en Europe, comme les pays nordiques, qui ont réformé ces systèmes de bourses « familialisés » pour instaurer des aides qui ne dépendent plus des ressources parentales. Elles s’inscrivent plus généralement dans des pays où l’accès à la citoyenneté sociale est « individualisé » pour les jeunes, y compris les étudiants, en reconnaissant leur statut d’adulte : ceux-ci peuvent accéder aux prestations sociales dès 18 ans, et la quasi-totalité d’entre eux peut recevoir une bourse, souvent combinée à un prêt, contre environ un tiers seulement des étudiants de premier cycle en France. Ces systèmes ne considèrent ni que ce sont aux parents de prendre d’abord en charge leurs enfants ni qu’il faut nécessairement adopter une stratégie « Robin des bois » en donnant surtout à ceux qui ont moins. Bref, ils sont à l’opposé de ce qu’on trouve en France.
Quelle est alors la meilleure stratégie pour combattre la précarité étudiante ? A première vue il semblerait que la stratégie redistributive « Robin des bois » à la française soit la plus évidente pour la réduire en donnant plus à ceux qui ont moins : pourquoi en effet donner la même chose à des jeunes provenant de familles aisées ? Pourtant, une étude récente souligne que c’est bien dans les pays où le statut d’adulte des jeunes est reconnu, tournant donc le dos à la « familialisation » des politiques en direction des jeunes, que l’on trouve les niveaux de privation matérielle et de pauvreté « subjective » chez les étudiants les plus bas en Europe. En d’autres termes, la « familialisation » ne serait pas la meilleure stratégie pour améliorer les conditions de vie des jeunes. Mais comment expliquer ce résultat contre-intuitif pour les étudiants ?
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